Seuil 04-séquence-01 Église-Mystère

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"Bénis le Seigneur, ô mon âme !"

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sq-4-01, © Mess'AJE
Invitation à se laisser saisir par un mystère de gloire, une liturgie solennelle et céleste,
à entrer dans un lieu et un temps de grâce : l'Église,
qui se reçoit de la vie du Seigneur Jésus, vit de son Esprit.
 
Médite, creuse, interroge
Exégèse

 

« Bénis le Seigneur, ô mon âme, n’oublie aucun de ses bienfaits. »

1-Nouvelle étape, nouveau Seuil de foi. Quel est-il ? Pour mieux le percevoir, se souvenir du chemin de foi parcouru par le peuple de la Bible.

Premier Seuil : notre Dieu est un Dieu de délivrance (Ps68)

Des petites tribus éparses font l’expérience d’une présence qui prend soin d’elles, les accompagne et les délivre dans le danger. C’est Adonaï Sabaoth, le Dieu des armées, le Dieu de nos Pères. C’est lui qui, tel un berger, prend soin de son peuple. Il délivre d’adversaires plus puissants, leur a donné la victoire gratuitement ! (Cf. Séq. Déborah, Sortie d’Égypte).

En s’installant, les tribus se fédèrent, mettent leurs expériences spirituelles en commun et deviennent peu à peu un peuple (Séq. Sichem). Devant se mettre à cultiver, elles s’efforcent d'adopter les rites agraires de Canaan, mais elles résistent à s’assimiler complètement ; elles apprennent peu à peu à rejeter les cultes de fécondité et la vénération de Baal pour demeurer attachées à YHWH (Séq. Assimilation-rejet). Le dieu du désert n'est-il pas tout aussi capable de donner la fécondité que Baal, sans avoir à le convoquer par des rites magiques (Séq. Élie) ?

Deuxième Seuil : nul n’est comparable au Seigneur notre Dieu

Le peuple de l’Exode à peine installé est propulsé dans une suite d’événements tragiques : défaite du royaume du Nord (-721), domination assyrienne, puis babylonienne (-600), avec la déportation de la majeure partie du peuple (-587)... (Séq. Nouvel horizon).

Le retour d’exil en « Terre promise » sous domination perse (-538) s’avère difficile : injustices sociales, plus de rois, les prêtres prennent le pouvoir et régissent l’ensemble d’un peuple de plus en plus divisé. Le Temple, reconstruit sans entrain, et la Torah, financée par les Perses, vont devenir peu à peu les grands piliers du judaïsme, même s’ils ne font pas l’unanimité.

Autre épreuve avec les conquêtes d’Alexandre le grand (-333) : l’hellénisme s’étend partout avec les nouvelles sagesses, donnant la clé et la raison du monde. Les Juifs de la diaspora, notamment, sont fascinés par cette sagesse au risque d’en oublier la Torah et l’histoire du salut. La Torah est traduite en grec (Septante -250) avec les ambiguïtés que cela suppose (Séq. Torah-Sagesse). Quand l’hellénisme veut s’imposer en détruisant la foi juive et que sévit la persécution (-165), des martyrs se lèvent et confessent que Dieu, Créateur de tout et aimant son peuple depuis toujours, ressuscitera ceux qui lui demeurent fidèles (Séq. Martyrs).

La foi de l’Exode ne s’est pas éteinte ; elle s’est au contraire approfondie : Dieu s’est révélé exigeant, il ne se laisse pas acheter, ni convoquer, mais demande comme vénération un culte et une éthique authentiques.

Face aux puissances guerrières et politiques, alors même que les signes de l’histoire se retournent contre le peuple, YHWH s’est révélé « Maître et Seigneur de l’histoire ». Face au monothéisme de Cyrus, les exilés ont reconnu en lui l’unique Dieu du ciel et de la terre, le seul qui soit digne de foi, parce que le seul aimant son peuple de toujours à toujours.

Et quand l’hellénisme infiltre le tissu social et fascine les élites, il est donné aux fidèles de comprendre qu’il n’y a pas de plus grande ni de meilleure sagesse que la Torah, donnée à Moïse ; préexistante au monde, la Torah est créatrice et éternelle, c’est elle qui guide le peuple depuis toujours.

Le judaïsme dans lequel Jésus arrive est multiple et ancré profondément dans la foi au Dieu unique. Il s’exprime, pour le judaïsme officiel dans l’obéissance aimante à la Torah et au Temple, et pour le courant apocalyptique, dans l’attente d’une nouvelle révélation venue du ciel et apportant un salut nouveau

Théo/Philo

 

2-Pourquoi l’icône?

Introduction à la vie du père Grégoire Krug  du Skit du Saint Esprit :

Gregoire Krug, par Higoumène Barsanuphe

Cf. émission complète (30 mn) Église orthodoxe aujourd'hui : émission du 5/09/2010 :

  • "L'iconographe et l'artisteé, avec Jean-Claude Larchet
  • "Le Père Grégoire Krug" avec l'Higoumène Barsanuphe

 

3-Pourquoi la liturgie?

De tout temps, le peuple exprime sa foi, son amour envers Dieu à travers la liturgie (célébrations, chants, prières, rites...) avec la conviction que Dieu lui-même agit à travers elle. (CEC 2655)

Dans le judaïsme, la liturgie est le lieu par excellence où le peuple fait mémoire... et où Dieu redonne sa présence.

Jésus a vécu de nombreuses liturgies avec ses disciples, notamment les repas de nouvelle Alliance... et le dernier repas (la Cène).

Dès après Pâques, les disciples se rassemblent pour faire mémoire de Jésus à travers des prières et ils célèbrent le « repas du Seigneur ». (CEC 1069)

La liturgie est le lieu par excellence où Dieu enseigne son peuple, le nourrit, l'éclaire, le sauve, non pas de manière intellectuelle ou sensible seulement, mais « tout entier », car la liturgie saisit la personne et l’assemblée dans leur globalité pour les constituer membre du Corps du Christ. (CEC 1067)

La liturgie est l'œuvre du Père, du Fils et de l'Esprit Saint : CEC 1010-1012.

Entrer dans l’Église comme dans un mystère

L’Église est d’abord un mystère, au sens propre du terme. Mysterion, traduit en latin par sacramentum, désigne une réalité qui met en relation, en communion. Elle est voulue par le Père et aimée de lui dès avant la fondation du monde. L’Eglise fait partie de son dessein de salut. Elle est l’aboutissement de l’histoire du salut en même temps que le moyen par lequel le salut est offert au monde et s’opère dans le monde. Elle est animée par l’Esprit Saint de Jésus qui la constitue comme Eglise.

Mais qu’entendre par Église ? Par-delà tous ses qualificatifs (catholique, romaine, apostolique, sainte...), la véritable et seule Eglise est celle de Dieu, celle du Christ. Avant d’être une hiérarchie ou une institution, elle est d’abord un mystère de communion, un corps, celui du Christ, une famille, un peuple. Elle est donc une réalité, partie intégrante de la Révélation à recevoir du Père, par Jésus, dans l'Esprit Saint.

CEC : Article 9, voir notamment n° 759 à 773

 

Parle
Exégèse

 

Troisième Seuil : le Royaume est là !

Pardon et miséricorde du Père sont donnés - à travers le prophète Jésus - en surabondance, gratuitement, sans le secours du Temple.

Une vie toute nouvelle est offerte : pardon infini des offenses, amour des ennemis. À l’image de l’amour de Dieu pour son peuple, le mariage humain est unique et indissoluble.

L’homme est refait à l’image de Dieu, tel que Dieu le rêve depuis toujours...

Ce Royaume n’est pas une spiritualité sans implication concrète, ni réservée à quelques-uns. Il est là pour tous, à commencer par les plus pauvres, les malades et les pécheurs, c'est-à-dire ceux pour qui l’ajustement à Dieu est impossible à travers le Temple et la Torah. Le chemin du ciel est désormais ouvert pour tous, en Jésus. Il suffit de croire... d’entrer dans la miséricorde et d’en vivre. Les signes sont là !

Le Royaume est accueilli par certains... et refusé par d’autres... Face à ce refus, Jésus s’offre lui- même en pardon. Cette offrande ira jusqu’à la mort et la mort sur la Croix.

 

Vers le quatrième Seuil : la pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs...

Choc pour ses disciples !

Pourtant n’ont-ils pas été préparés par le Maître ? Ne croient-ils pas à la résurrection des martyrs ?

Mais cette mort est si ignominieuse, cette fin ressemble tellement à une malédiction...

Au pied de la Croix : Marie, Jean le disciple bien-aimé, Marie de Magdala croient, espèrent et aiment jusqu’au bout ; au-delà de l’évidence, ils voyaient l’offrande d’amour du Fils et son pardon.

Le seuil à franchir est de taille ! Il faudra un don, une grâce d’en haut pour que les intimes de Jésus ne restent pas engloutis dans ce que représentent les événements de la Passion...

Cheminer vers le Christ et à partir du Christ

Cette grâce invitera les disciples à « relire les Écritures » à la lumière de la Pâque du Christ - sa mort et sa résurrection - mais aussi à la lumière des événements qui suivent la Passion et qui accomplissent l’histoire du salut. Ainsi, la Révélation s’accomplit-elle et se poursuit-elle tout à la fois.

Ce chemin parcouru, de la naissance de la foi d’Israël, en passant par les prophètes et les sages a permis de (re)découvrir Jésus ; il est possible d’y puiser un sens nouveau pour lire la mort de Jésus, les événements qui vont suivre, jusqu’à ceux d’aujourd’hui.

La patiente et miséricordieuse pédagogie de Dieu s’y révèle.

Fondements                          p. 528 à 530

Entrer dans la foi    p. 66

Théo/Philo

 

L’icône

...Face à l'icône, le rapport sujet-objet est inversé : ce n'est plus nous qui regardons, c'est, à travers l'icône, le Christ, la Vierge ou les Saints qui semblent nous regarder

L'icône montre une présence personnelle. Elle suggère le vrai visage de l'homme, son visage d'éternité, cette troisième beauté à laquelle nous sommes appelés.

L'icône, par un symbolisme concret où l'expression l’emporte sur toute tentation d’allégorie, nous fait pressentir la déification de l'homme et la sanctification de l'univers, c'est-à-dire la vérité des êtres et des choses.

La lumière, dans une icône, ne provient pas d'un foyer précis, car la Jérusalem nouvelle, dit l'Apocalypse, n'a pas besoin du soleil et de la lune : c'est la Gloire de Dieu qui l'illumine. Elle est partout, sans projeter d'ombre, ou plutôt, elle est toujours intérieure, tout est intérieurement ensoleillé. C'est le fond même de l'icône, que les iconographes nomment lumière : symbole de Dieu tout en tous.

La perspective est souvent inversée. Les lignes ne convergent pas vers un point de fuite, signe de l'espace déchu qui sépare et emprisonne. Elles se dilatent dans la lumière de gloire en gloire.

Dans ce contexte, le visage est représenté pacifié, unifié, illuminé par l'Esprit. Des lèvres fines et pures, des oreilles réduites, intériorisées. Tout monte vers les yeux immenses, pleins de gravité et de douceur. L'homme sanctifié devient tout regard vers la sagesse du front dilaté !

Olivier CLÉMENT, Questions sur l'homme

Le Temps de l’Église commence

Jésus conclut son enseignement aux apôtres par une neuvième béatitude : bienheureux ceux qui, sans avoir vu, ont cru (Jn 20,29). Il ouvre le passage entre le temps de la vision et des signes et le temps de la foi sans voir. Le temps de l’Eglise commence. Le vrai croyant est celui qui brave le doute en se fiant à la parole de Jésus, telle qu elle a été transmise par les apôtres. Ce temps nouveau de la foi est notre temps, nous ne voyons plus Jésus. Il est pourtant présent, dans sa Parole, ses Sacrements, la Liturgie et la Prière, dans l’expérience intérieure de l’esprit, dans la communauté des frères et sœurs, et, sans doute, dans les plus petits et les plus humbles (cf. Mt 25,40). L’itinéraire de Thomas est le modèle du nôtre. C’est celui de tout disciple après la venue de l’esprit, croire en Jésus sans le voir, mais le trouver néanmoins sous le voile des signes.

Cardinal G. Danneels

 Travail :

41 Les disciples après la mort de Jésus

 

Contemple

 

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sq-4-01-dia, © Mess'AJE

 

Bénis le Seigneur, ô mon âme

Seigneur mon Dieu qui es si grand,

revêtu de splendeur et de majesté.

Psaume 104(103)