Seuil 04-séquence-14 Évangile aux païens

« Venez voir nos païens : ils ont abandonné les idoles d'antan. »
Après avoir chanté la Résurrection, cette séquence ouvre aux dimensions du cosmos: c'est l'univers entier qui est appelé à entrer dans ce mystère. Alors se pose la question de l'ouverture aux païens. Le monde juif et le monde païen peuvent-ils se rencontrer ? faire ensemble Église ? Où se fera l'unité ? Comment ? Où est notre unité ?
(Sagesse, résurrection, Trinité, Oecuménisme, Eucharistie et Croix...)
« Dieu, à sa manière, avait préparé les païens à recevoir son Fils»
Premier Seuil : pas de mission explicite
Les tribus venues d’Égypte apportent à celles du Nord les bases de la relation à un Dieu tout-autre. YHWH se constitue ainsi un peuple qui doit se démarquer des croyances et pratiques notamment cananéennes. Certains rites alimentaires datent de cet âge reculé (abstinence de porc et d’autres animaux, cf. Lv 11,7). À cette époque chaque peuple a ses dieux et son culte. Lors des invasions et des guerres, le peuple victorieux impose ses dieux et ses rites au peuple vaincu, parfois il accueille les divinités du peuple vaincu dans son panthéon. Mais Israël a conscience d’avoir un Dieu d’alliance qui lui demande un attachement particulier.
Deuxième Seuil : la mission apparaît avec le monothéisme
Israël reconnaît l’existence des autres dieux, mais il se sait appelé par YHWH à n’adorer et ne servir que lui seul. Au gré des défaites, Israël aurait dû se soumettre aux dieux assyriens, puis chaldéens... Malgré les nombreuses infidélités et grâce à la parole des prophètes, un petit reste est attaché à YHWH. L’Alliance, la relation à Dieu se creuse au fur et à mesure des épreuves, en même temps que Dieu apparaît de plus en plus « séparé », transcendant. On ne peut parler de mission.
« Quand les conquérants ont fait place au silence.. »
Tout bascule avec la révélation du Dieu unique : face à l’arrivée de Cyrus qui révère le principe de la Lumière universelle, et qui, de ce fait, a un rapport au religieux tolérant les autres dieux, Israël, lui, reçoit la révélation que seul, son Dieu, Adonaï, est l’Unique, Créateur et Seigneur de l’univers. Il lui parle et l’aime depuis toujours.
- Si Adonaï est l’Unique, il est le créateur des nations et le Dieu des païens... Dans son amour, il attend que tous les hommes le reconnaissent et l’adorent ! C’est la vision du 2ème Isaïe. Le petit reste exilé, fidèle à YHWH, est établi comme témoin et lumière des nations (Is 49).
- Le 3 ème Isaïe développe en revanche une théologie très universaliste (Is 56,6-8) qui va jusqu’à mettre en question l’élection d’Israël (19,23-25 ; 63,16 ; 66). Voir aussi Za 8,23.
La mission est née ! Dieu attend une réponse à son amour de la part de tous les peuples.
Cependant pour les prêtres, monothéistes eux aussi, Dieu créateur a choisi Israël afin que ce dernier lui rende un culte digne. Peuple séparé, il doit soigneusement se garder de toute idolâtrie et donc marquer la séparation : rites alimentaires, circoncision, mariages exclusivement entre juifs.
La rencontre avec l’hellénisme permet - au moins à toute une partie du peuple juif - de réaliser que la Torah donnée à Moïse est mystérieusement présente chez les païens. Toute sagesse est donnée par Dieu, mais la suprême Sagesse, c’est la Torah (Si 24).
« Comme autrefois Jonas»
Dans le judaïsme, la mission est héritière de ces théologies juives et pratiquement toujours envisagée de manière centripète :
- grâce au témoignage d’Israël, les peuples sont appelés à reconnaître YHWH comme l'unique Dieu et à venir l’adorer en Sion.
- Jonas envoyé par Dieu aux Ninivites, représente une exception ; cette parabole est une réaction des prophètes face aux milieux juifs fermés aux païens.
Pour le courant officiel, Israël doit être « saint ». Diverses tendances cohabitent : alors que certains passent leur temps à se garder des païens, d’autres espèrent que grâce au témoignage d’Israël, les nations viendront un jour adorer le vrai Dieu en Sion. D’autres encore cherchent à faire des prosélytes (Mt 23,15).
Le courant apocalyptique est plus enclin à l’universalisme (3ème Isaïe), étant donné que l’univers entier est séparé de Dieu et a donc besoin d’un salut universel (baptistes). Pourtant, certains groupes, comme à Qumran, vivent rigoureusement séparés des païens et même de coreligionnaires (les prêtres de Jérusalem sont regardés comme des « fils de ténèbres »).
Le Midrash Exode Rabba raconte que le feu du Sinaï s’est divisé en soixante-dix langues pour rejoindre chacune des nations connues. Les nations auraient-elles reçue la Torah ?
D’une certaine manière, toutes les nations auraient donc reçu des miettes de la Torah. [FB/476 : mission centripète et centrifuge]
Troisième Seuil : Jésus et la mission : « Les perles aux pourceaux »
Jésus s’adresse d’abord aux juifs : Ne prenez pas le chemin des païens et n’entrez pas dans une ville de Samaritains allez plutôt vers les brebis perdues d’Israël (Mt 10,5-6). Israël a tout ce qu’il faut dans sa foi et dans les Écritures pour reconnaître et accueillir le Royaume. Les païens se convertiront au témoignage d’Israël (mission centripète : 3ème Isaïe).
- Pourtant Jésus fait des rencontres étonnantes : une cananéenne (Mt 15), un centurion romain (Mt 8), une samaritaine (Jn 4)... accueillent sa parole, reçoivent la grâce du pardon et de la guérison ! Jésus s’émerveille.
- Autre signe précurseur, Jésus se présente comme le nouvel Élie ; or, à l'époque, la figure d’Élie était confondue avec celle d’Élisée qui l’un et l’autre avaient fait des miracles pour des païens : veuve de Sarepta (1 R 17,17 // Lc 4,25-27), Naaman, le Syrien (2 R 5 // Lc 4,25-27).
Jésus; nouveau Jonas : « Comme Jonas... »
Si pour les disciples de Jésus, sortir d’Israël pour aller enseigner les nations, est étranger à leur horizon, ils se rappelleront des signes annonciateurs de la mission vers les païens.
Ainsi la figure de Jonas s’illumine, d’autant que, dans la tradition juive, Jonas serait de la lignée d’Élie. Jonas a été envoyé en milieu païen pour prêcher la conversion ! Il a passé trois jours au sein du monstre marin et il est ressorti vivant pour prêcher aux Ninivites, ennemis ancestraux d’Israël. Ce sera le signe de Jésus ! (Mt 12,39-41) [FB/477 : missions de Pierre et de Paul. 481 à 486]
- Les temps sont accomplis : nous sommes dans les derniers temps où Dieu réalise toutes les promesses faites à Israël.
- Jésus a annoncé le royaume de Dieu arrivé sur la terre ; à cause de cela, il a été crucifié, mais Dieu l’a ressuscité ; il est désormais remonté au ciel et règne avec le Père. Il est le Fils de Dieu, le Sauveur et le maître du monde. Toutes puissances lui sont soumises.
- Sa mort sur la Croix au lieu d’être une abomination, une honte ou une erreur est une grâce ; c’est le pardon total de Dieu qui nous est donné. Il est mort pour nous, afin que nous ayons sa vie en abondance !
- Jésus nous a laissé la promesse de son retour et de sa victoire sur toute mort ; il nous a donné son Esprit-Saint qui nous met en communion avec lui et son Père.
- Recevant son Esprit nous expérimentons sa toute puissance dans l’amour.
- Jésus est de Dieu, avec Dieu et en Dieu... Par lui tout a été fait et à la fin des siècles, tout sera repris en lui. (Col 1, Ep 1)
- Il nous demande d’annoncer le salut à tous, afin que tous croient et soient sauvés de la mort et du péché, de l’enfer, du non-sens, de la haine, bref de tout ce qui enferme l’homme sur lui- même et le condamne à vivre dans la crainte, la domination, la violence.
- Pour que le Christ soit connu, il faudra toujours des témoins ; pour l’accueillir, il faudra toujours la foi ; l’annonce de l’Évangile et son accueil relèvent donc de la bonne volonté et de l’audace des hommes mais toujours avec l’assistance de l’Esprit Saint.
Comment, pourquoi une telle audace ? Elle vient d’une expérience qui nous dépasse et qu’on ne peut pas garder pour soi : l’amour de Dieu vainqueur. [EFB/361-362 : la bonne nouvelle du salut]
Questions et enjeux soulevés par cette nouveauté : « C'eut été rendre vain le long mûrissement des seuils de la foi. »
- Les païens sont-ils préparés à recevoir l’Évangile et le Christ ? Comment cette préparation s’est-elle faite et se fait-elle ?
- La Torah est-elle universelle ?
- Le salut en Jésus est-il universel ? S’il est nécessaire de passer par la Torah, alors le salut en Jésus Christ n’est-il pas relatif ?
- Si Jésus est le Sauveur de tous, juifs et païens, à quoi sert la Torah ? Est-elle inutile, caduque, incomplète, voilée ? Pourtant, Jésus n’a-t-il pas dit : Je ne suis pas venu abolir la Torah, mais l’accomplir... (Mt 5,17).
- Si elle est une préparation, un pédagogue à l’accueil du Royaume, pourquoi les docteurs de la Torah n’ont-ils pas accueilli Jésus ?
- Faudrait-il ne retenir qu’une partie de la Torah pour les païens ?
- Les conditions demandées aux païens ne sont-elles que rituelles ? De quelle préparation, formation, éducation ont-ils besoin pour devenir et rester chrétiens ?
Ces questions se posent à la suite de la mission vers les païens. Paul et Jean seront les théologiens de l’Église primitive pour tenter d’élucider ces questions, provoquant un déploiement du mystère du salut et du Christ, (voir séquences suivantes). [FB/ 445 à 447]
Questions autour de la mission :
- Que veut dire évangéliser ? CEC 905
- L'annonce explicite est nécessaire: le kérygme. CEC 905
- Inculturation du message évangélique. DGC 204
- Qui annonce ? Toute l'Église !
- L'évangélisation, un processus : préannonce explicite, kérygme, catéchèse, formation continue.
[Gam 4S/169-175]
Quatrième Seuil : la mission ad gentes
« On allait nous aussi convertir la Ninive nouvelle»
L’Évangile se répand comme une traînée de poudre dans tout le bassin méditerranéen, grâce aux réseaux de communication qui traversaient l’Empire.
Au début, ce sont des juifs de Palestine et de la diaspora (appelés "hellénistes" ou "grecs" Ac 7) qui sont touchés.
Dès les années 35 (lapidation d’Étienne), des persécutions obligent les judéo-chrétiens à quitter la Judée pour s’exiler en Décapole, en Samarie, puis en Syrie, en Cappadoce et ailleurs (Ac 11,19). Des communautés se rassemblent déjà en Galilée, par exemple dans la maison de Pierre à Capharnaüm.
Le message de salut touche toutes les classes sociales (cf. épître à Philémon).
Puis arrivent des païens adhérant au judaïsme - et donc monothéistes - tels :
• Les prosélytes : circoncis, ils participent à la vie rituelle au même titre que les juifs. Leurs enfants sont intégrés au peuple juif. L’Ethiopien baptisé par Philippe est sans doute un de ceux-là (Ac 8).
• Les craignant Dieu ou adorateurs de Dieu (Ac 10) : sympathisent avec le judaïsme, mais sans aller jusqu'à la circoncision. Dans les synagogues de la diaspora, ils constituent parfois une proportion non négligeable des participants. (Parcourir Ac 8 à 15.)
Ac10 : « La Pentecôte» des païensL’ensemble du chapitre montre que l’ouverture de l’Évangile aux païens est voulue par Dieu : Pierre a une vision qui lui annonce qu’il n’y a pas d’aliments impurs et qu’il doit se rendre chez un craignant Dieu, Corneille, pour lui annoncer l’Évangile ; aussitôt, l’Esprit Saint tombe sur tous ceux qui écoutaient la parole (v. 44). Le centurion romain et tous les siens reçoivent alors le baptême des mains de Pierre.
Ac 13,44-52 : Paul se tourne vers les païens
Le Ch. 13 témoigne d’un virage : alors que le réflexe est de s’adresser aux juifs via la synagogue, Paul, voyant que les notables juifs refusent d’accueillir l’Évangile du Messie, se tourne explicitement vers les païens prosélytes (Ac 13,46-47).
Ga2 // Ac15 : Assemblée de Jérusalem : « Jérusalem vit naître le premier des conciles»
Paul dans sa lettre aux Galates évoque la tension entre
- les judaïsants pour qui les païens doivent passer par toute la Torah
- et lui-même convaincu que la Torah n’est pas indispensable aux païens pour recevoir le baptême.
Cette tension donne lieu à la première assemblée à Jérusalem vers 48 qui rassemble les apôtres : Jacques, Céphas, Jean qui vont « tendre la main » à Paul et Barnabé.
Il est décidé que ces derniers auront mission pour les païens et que les autres iront vers les juifs. Ce qui compte, c’est d’avoir souci des pauvres.
L’événement est repris en Ac15 : les apôtres réunis à Jérusalem avec Paul et Barnabé décident de ne pas imposer la circoncision, ni tous les rites alimentaires aux païens convertis au Christ qui doivent seulement s’abstenir :
- des viandes consacrées aux idoles (1 Co 10,23)
- des unions illégitimes (1 Co 5 : inceste, et 6,12-20 : fornication) o du sang (cf. Gn 9,4-7) : la loi noachique permet que l’on mange de la viande mais sans le sang.
Les sept points de la loi noachique
- Établir des tribunaux,
- interdiction de blasphémer,
- interdiction de l'idolâtrie,
- interdiction des unions illicites,
- interdiction de l'assassinat,
- interdiction du vol,
- interdiction d’arracher un membre d'un animal vivant.
Pour le judaïsme rabbinique, tout non-Juif vivant en accord avec ces sept lois est considéré comme un "gentil vertueux" et a, par l'observance de ces lois, sa part au monde à venir. Ces trois conditions sont un rempart contre l’idolâtrie.
Les païens (prosélytes) peuvent entrer dans ces exigences, car depuis les temps anciens, Moïse a dans chaque ville ses prédicateurs qui le lisent dans les synagogues tous les jours de shabbat (Ac 15,21).
Arguments de Paul pour accueillir les païens : l’homme n’est pas justifié par la pratique de la Torah, mais seulement par la foi en Jésus Christ. (Ga 2,11-16)
Ga 3,27 : Désormais, baptisés dans le Christ, il n’y a plus ni juifs, ni grecs, ni esclave, ni homme libre ; il n’y a ni homme, ni femme et tous sont appelés à la même vie en Christ.
Ga 5,6 : dans le Christ Jésus, ni circoncision, ni incirconcision ne comptent, mais seulement la foi opérant la charité. [FB/466]
[Gam 4S/169-175]
La mission de l’Église : « Cette force de vie qui commençait à
poindre... »
Elle s’origine dans le mystère trinitaire. Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité (1 Tm 4). La motivation est l’amour de Dieu pour tous les hommes : L’amour du Christ nous presse (2 Co 5,14) ; par la connaissance de la vérité. Le mandat missionnaire du Seigneur a sa source dans l’amour éternel de la Trinité. CEC/850-851
Enracinée dans celle de Jésus
Jésus annonce le Royaume avec audace, radicalité et dans l’urgence (cf. Séq. Vocations, Paraboles...), Il semble dévoré par une urgence intérieure, par une parole de feu : Je suis venu allumer un feu et comme il me tarde qu’il soit consumé ...d’où la raideur de certaines de ces paroles : Malheur à toi Chorazeïn, malheur à toi Bethsaïde !
Cette annonce n’est pas une stratégie à partir de plans préétablis et de règles strictes ; elle dépasse les messagers : Seigneur, même les démons nous sont soumis ! Il y en a qui ne sont pas des nôtres et qui parlent du Royaume... ne les empêchez pas... Jésus lui-même est ébloui par la foi de certains que rien ne semblait disposer à l’accueil (centurion, cananéenne, publicain...). Il est navré de la fermeture d’autres, fins connaisseurs des Ecritures... Jésus vit la soif ardente de Dieu lui-même : que le peuple accueille la miséricorde du Père, qu’il entre dans cette vie nouvelle qui est donnée gratuitement !
Devant les refus, les fermetures, les hésitations, Jésus ne se retire pas avec ses disciples pour fonder une communauté d’élus comme à Qumran... Il continue d’annoncer à temps et à contretemps que le Royaume est là, tout proche et que chacun est invité aux noces ! Quel drame si les uns et les autres se dérobent à l’invitation ! Ceux qui accueillent la Parole de Jésus et se mettent à le suivre, se retrouvent bientôt à devoir faire face à des détracteurs : Jésus a conscience que l’annonce du Bonheur engendre des fermetures ! Mais l’annonce loin de s’affadir, s'intensifie au contraire et s’approfondit jusqu’à intégrer la persécution : Heureux si l’on vous persécute à cause de moi et de l’Évangile ! Le Royaume est là : il est à annoncer à temps et à contretemps.
Jésus appelle chaque personne qui est unique : il l’appelle là où elle en est à l’accueillir, lui qui est la Porte, le Chemin, la Vie, la Vérité. Il respecte la réponse de chacun et celle-ci est unique. Il ne s’adresse pas au jeune homme riche comme au possédé de Génésareth, ni à la Cananéenne comme à la Samaritaine, ou encore à Zachée comme à Nicodème.
Jésus est perçu à la lumière des Écritures (psaumes, Isaïe...) et notamment à la lumière de la geste des grands prophètes: Élie, Moïse, Jérémie... Le Royaume est accomplissement des Ecritures. Le peuple reconnaît que Dieu - auteur des merveilles autrefois - vient visiter et appeler son peuple de manière nouvelle !
Jésus annonce le Royaume en union au Père, dans l’Esprit. De plus, il établit des apôtres, choisit des disciples, qui en son nom, prêchent, font des signes, témoignent de l’Alliance nouvelle (Mt 10 ; Lc 10). Une communauté de femmes le suit également. Dès que quelqu’un entre dans le sillage de Jésus, il devient missionnaire: André va chercher son frère Pierre (Jn 1,40)... La Samaritaine : Venez voir un homme... ne serait-il pas le messie ? (Jn 4,29) Et lorsque Jésus recommande le silence, comment le sauvé pourrait-il se taire ? Il s’en va plutôt annoncer les merveilles de Dieu ! (Mc 1,43). L’Esprit missionnaire est donc à l’œuvre en Jésus, mais aussi dans sa communauté.
La mission de l’Église aux juifs et aux païens : œuvre de l’Esprit Saint
La mission après Pâques a les mêmes caractéristiques. C'est une poignée de prophètes habités par l’Esprit de Jésus qui se lève et qui ne peuvent pas se taire ! Les Actes des apôtres sont plein de ce zèle missionnaire qui devance et semble dépasser complètement les protagonistes. L’Évangile, c’est-à-dire le Royaume, mais aussi la mort et la résurrection de Jésus sont annoncés à tous ceux qui ont le cœur ouvert...juifs, prosélytes, craignants Dieu et païens. Devant l’adhésion de certains, c’est l’enthousiasme (Ac 2) et les questions nouvelles qui surgissent (Ac 15)... Devant le refus (Ac 17), loin de se rétracter, les chrétiens continuent d’annoncer ailleurs, à d’autres... (Ac 5,41-43)
L’effusion de l’Esprit rend présent Jésus et innove : élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi (Jn 12,32). Les païens, les samaritains deviennent à leur tour destinataires de l’annonce du Royaume et missionnaires.
Jésus exalté, remonté auprès du Père, communique l’Esprit filial à ceux qui croient en lui pour qu’ils annoncent le Royaume à toute la création (Mc 16) : Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ; ayant dit cela, il souffla sur eux et leur dit : Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis, ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus (Jn 20, 21-23).
Le cœur de l’annonce est le pardon des péchés : la miséricorde du Père et celle du Fils qui s’est offerte en pardon sur la Croix. Ainsi, la mort et la résurrection de Jésus font partie du cœur de l’annonce. C’est le sens du baptême chrétien que reçoivent juifs et grecs, maîtres et esclaves, riches et pauvres. CEC / 766
L’Église est par nature missionnaire
Parce qu’elle est convocation de tous les hommes au salut, l’Église est par sa nature même missionnaire, envoyée par le Christ à toutes les nations pour en faire des disciples, (cf. Mt 28,19-20 et AG 2) Pour réaliser sa mission, l’Esprit « équipe » et dirige l’Église grâce à la diversité des dons hiérarchiques et charismatiques. CEC / 767-768, LG 4. L’Église existe pour évangéliser. Toute l’Église est missionnaire et tout chrétien est missionnaire.
Cette force de Vie qui commençait à poindre allait remodeler le monde. Et elle le fit en moins d'une vie d'homme. Et pourtant les problèmes allaient vite surgir. Jérusalem vit naître le premier des conciles. Pouvait-on annoncer Jésus-Christ aux païens qui n'avaient pas connu la Loi et les Prophètes ? Pierre et tous les chrétiens issus du judaïsme étaient catégoriques : c'eût été rendre vain le long mûrissement des seuils de la foi. Ne fallait-il pas avoir attendu longtemps dans l'absence pour respecter l'Époux quand il se fait présent ? On ne jette pas les perles aux pourceaux... Sinon, pourquoi Dieu aurait-il attendu si longtemps pour envoyer son Fils ? Mais Paul répondait : 'Venez voir nos païens, ils ont abandonné les idoles d'antan, ont opté pour le Christ, vivent dans son Esprit...' Et Pierre constatait, et Pierre baptisait, il imposait les mains. C'était, disait saint Paul, que Dieu, à sa manière, avait préparé les païens à recevoir son Fils. Ils avaient, eux aussi, connu bien des Moïse sans être au Sinaï. Et quand les conquérants ont fait place au silence, ils ont eu leurs prophètes, sages ou philosophes. C'était la même foi sous un autre visage, c'était le même Christ qui déjà appelait...